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Congrès Paris, le 2 octobre 2016 – Analyse Freudienne

431r

Programme du congrès

PROGRAMME / PROGRAMA / PROGRAM
Congrès 2016 / Congreso 2016 / Congress 2016

Samedi 01 / Sábado 01 / Saturday 01

Matin / Mañana / Morning

8h30 Accueil / Acogida / Reception

9h30 Robert Lévy (A.F Paris)
Conférence d’introduction
Conferencia de introducción
Introduction talk

Présidente de séance / Presidenta de mesa / Chairman of the table
Catherine Delarue (A.F Paris)

9H45 Maria Cruz Estada (A.F Madrid)
¿El cuerpo, ultimo bastion?
Le corps, dernier bastion?
The Body, last bastion?
Discutante / Discute / Discussant : Céline Devalois (A.F Paris)

10h45 Donna Redmond (Psychanalyste à Dublin et directrice d’APPI)
The skin I’m in : the significance of the body during adolescence
La peau que j’habite : l’importance du corps pendant l’adolescence
La piel que habito : la importancia del cuerpo en la adolescencia
Discutant / Discute / Discussant : Radjou Soundaramourty (A.F Paris)

11h45 PAUSE / DESCANSO / BREAK

Présidente de séance / Présidenta de mesa / Chairman of the table
Chantal Hagué (A.F Paris)

12h15 Anna Konrad (A.F Paris)
L’écoute analytique implique-t-elle une nomination entre névrose psychose ou perversion?
¿La escucha analítica implica una nominación entre neurosis psicosis o perversión?
Does analytical listening implies a naming between neurosis psychosis or perversion?
Discutant / Discute / Discussant : François Christophe (A.F Lyon)

APRÈS-MIDI / TARDE / AFTERNOON

Président de séance / Présidente de mesa / Chairman of the table
Jean-Jacques Leconte (A.F Paris)

14h30 Galo Eidelstein (A.F Chili)
La ciencia de la estructura como bastión
La science de la structure comme bastion
The science of the structure as bastion
Discutant / Discute / Discussant : Laurent Ballery (A.F Paris)

15h30 Nestor Braunstein (Psychanalyste à Barcelone, professeur des universités à Mexico)
Estructuras Clínicas o posiciones subjetivas
Structures Cliniques o (u)positions subjectives
Clinical structures or subjective positions
Discutant / Discute / Discussant : Robert Lévy (A.F Paris)

16h30 PAUSE / DESCANSO / BREAK

Président de séance / Présidente de mesa / Charmain of the table
Jean-Jacques Leconte (A.F Paris)

17h Charles Marcellesi (Psychanalyste Porto-Vecchio)
« D’oncques »
Discutant / Discute / Discussant : Jean-Jacques Valentin (A.F Paris)


DIMANCHE 02 / DOMINGO 02 / SUNDAY 02

MATIN / MAÑANA / MORNING

Présidente de séance/ Présidenta de mesa/ Chairman of the table
Margarita Moreno (A.F Seville)

09h30 Alex Droppelmann (A.F Chili)
Incesto la père-version del padre y la hibridación significante
Inceste la père-version du père et l’hybridation signifiante
Incest père-version of the father and the signifying hybridization
Discutante / Discute / Discussant: Ségolène Marti (A.F Lyon)

10H30 Carol Watters (A.F Nice)
Un manipulateur, singulier « Auxiliaire de Dieu »
Un manipulador, singular « Auxiliar de Dios »
A manipulator, singular «Assistant of God »
Discutant / Discute / Discussant : Daniel Colson (A.F Reims)

11h30 PAUSE / DESCANSO / BREAK

Présidente de séance/ Presidenta de mesa/ Chairman of the table
Marian Lora Toro (A.F Madrid)

12H Claude Breuillot (A.F Bourgogne)
Pulsion invocante et ex-sistence. Donner de la voix… Une ex-centricité nécessaire pour les inaudibles
Pulsión invocante y ex-sistente. Vocear… Una ex-centricidad necesaria para los inaudibles
Invoking Drive and ex-isting. To speak out… A necessary ex-centricity for the inaudible
Discutante / Discute / Discussant : Sofia Ortega (A.F Madrid)

APRÈS-MIDI / TARDE / AFTERNOON

Président de séance / Présidente de mesa / Chairman of the table
Philippe Woloszko (A.F Metz)

14h15 Michel Ferrazi (A.F Grenoble)
Le discours du sujet et l’idée d’un progrès
El discurso del sujeto y la idea de un progreso
The speech of the subject and the idea of a progress
Discutante / Discute / Discussant : Joëlle Toubiana (A.F Paris)

15h15 Annick Hubert-Barthélémy (A.F Paris)
Les fausses controverses autour de l’autisme du XXIème siècle
Las falsas controversias que rodean al autismo del siglo XXI
The false controversies around the autism of the 21st century
Discutant / Discute / Discussant : Roque Hernandez (A.F Alicante)

16h15 PAUSE / DESCANSO / BREAK

Président de séance / Présidente de mesa / Chairman of the table
Gilbert Poletti (A.F Bastia)

16h30 Chantal Cazzadori (A.F Amiens)
Plein feu sur la psychanalyse : causes et effets de son démantèlement – un électrochoc
Gran foco sobre el psicoanálisis: causas y efectos de su desmantelamiento – un electrochoque
Spotlight on psychoanalysis: causes and effects of its dismantling – an electric shock
Discutante / Discute / Discussant : Jacquemine Latham-Koenig (A.F Paris)

17h30 Conclusion / Conclusión / Closure

Jacquemine Latham-Koenig et Radjou Soundaramourty
(Coordonnants, A.F Paris)

Hortillonnage d'Amiens - Photo Chantal Cazzadori
Hortillonnage d’Amiens – Photo Chantal Cazzadori
Plein feu sur la psychanalyse : causes et effets de son démantèlement, un électrochoc…

Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on dire ? «ce qui s’est fait se refera ! ». Alors de quoi parlons-nous me demanderez-vous ?
Fouiller l’inconscient a toujours paru « subversif » et suscite depuis longtemps des controverses.
Contre la métaphysique qui persiste à isoler la chair et l’esprit, Freud affirme ce message universel : « Nous sommes en vie si et seulement si nous avons une vie psychique ». Certains n’en reviennent pas ! Freud ne cèdera jamais sur ce point : il ne « biologise pas l’essence de l’homme », car elle est doublement articulée : détermination biologique et liens symboliques construisent l’être parlant dans la suite des générations.
Julia Kristeva (1), nous rappellera également ceci : « Fait de langage, votre sexualité vous échappe : poussée inconsciente, tout le plaisir est là ».
« Dès qu’on parle on fait du sexe, il suffit d’écouter » dira le Maître, l’inventeur de la psychanalyse. Un premier électrochoc n’est-ce pas ?

Peut-on parler d’affinités idéologiques avec les valeurs d’une société ? Les formes de savoir sont- elles inséparables des pratiques sociales en vigueur à un moment donné, dans une société donnée ? Freud s’arrache aux préjugés de son époque et pense les pesanteurs de la tradition. Son constat : « la femme tout entière est taboue » sonne la fin des civilisations patriarcales. L’intensité de la relation précoce fille-mère l’amène à conclure que « la bisexualité est bien plus accentuée chez la femme que chez l’homme » et donc à modifier son premier oedipe. (1)

La querelle envers la psychanalyse du siècle dernier qui portait sur la « scientificité » de celle-ci, a suscité bien des débats épistémologiques. La subjectivité de l’expérimentateur est impliquée dans les sciences humaines et le rôle crucial du transfert et contre transfert est reconnu.
Les psychanalystes ont été sérieusement chahutés par « le livre noir de la psychanalyse » co-écrit par une quarantaine de spécialistes, en 2005, et la charge ne s’est pas arrêtée là.
Cette querelle rebondit dans l’essai féroce publié en 2010, par le philosophe libertaire qui anime les scènes médiatiques, pour contester la vérité scientifique universelle de la psychanalyse, dont le complexe d’Oedipe serait l’organisateur de la vie psychique. Après les premières charges des intellectuels et experts de tous poils, la bataille s’est avérée autrement plus redoutable : celle de l’opinion publique. Rappelons-nous , avec la colère des parents d’enfants d’autistes, l’image des psychanalystes en a pris un coup !

Un deuxième électrochoc est tombé de la HAS, le 8 mars 2012, qui désavoue la psychanalyse, moins sévèrement que prévu, mais comme en témoigne les propos de parents d’enfants autistes en tête, sur la blogosphère, ça laisse des traces. Les usagers osent se révolter contre la doxa psychanalytique. C’est un tournant, surtout en France, terre d’élection de Freud. Les Trente Glorieuses de la psychanalyse toucheraient-elles à leur fin ? Oui, on peut le dire !
En effet, du plateau d’ « Apostrophe », l’émission culte de Bernard Pivot, consacrée à la psychanalyse en mars 1977, à l’ambiance contestataire hérité de Mai-68, la subversion propre à la pensée de Freud et de Lacan était un formidable outil critique. Lacan domine alors la scène intellectuelle à côté d’autres fondateurs Freud, Jung, Klein, Winnicott, et j’en passe…
L’émission « Lorsque l’enfant paraît » avec Françoise Dolto, sur France Inter fait un tabac. De même, qui n’a pas son « Vocabulaire de la psychanalyse ? ». Même Valéry Giscard d’Estaing, aurait tâté du divan, comme le révèle « le Canard enchaîné ». Passer par là, le divan, c’était « avoir un bonus culturel et une aura intellectuelle » peut déclarer Bernard Pivot.
Entre ces deux électrochocs, la panique sur la planète psy a été semée par Bernard Accoyer, en 2003. Tout psychothérapeute digne de ce nom doit depuis 2010, avoir un diplôme universitaire, avoir suivi une formation, notamment en psychopathologie clinique, et être inscrit sur un registre départemental. Le décret est appliqué. Nous psychanalystes, nous ne sommes toujours pas réglementés, mais jusqu’à quand ? Elisabeth Roudinesco demande aux associations d’analystes d’édicter des règles et de critiquer nos dérives pour que la psychanalyse survive, c’est un appel.
Malgré la traque aux imposteurs et la suspicion qui plane sur la profession, cela n’empêche pas les patients de consulter. Une étude a été publiée à l’occasion de la publication du livre « Le Petit Freud illustré » de Jean-Jacques Ritz et Damiens Aupetit, elle nous révèle que 33% des Français ont déjà consulté un psy. 31% des Français considèrent que tout le monde devrait consulter un psy au moins une fois dans sa vie. Les patients qui ont déjà pris un rendez-vous sont nombreux (55%) à faire cette recommandation, tout comme les jeunes de 18 à 34 ans (45%). Car ce genre de consultation s’avère bénéfique et utile pour une majorité (65%). (2)

En énonçant tous ces chiffres je revois ce dessin humoristique de Serge BLOCH :

«le patient allongé sur le divan dit : « Parfois je fais un rêve terrifiant… On me pose des questions… On étudie mes pratiques… on m’évalue… »,
le psy répond « Quelle horreur ! ».

Ne suis-je pas, également, en train de recourir aux chiffres pour justifier mon propos ! Serait-ce le mal du siècle, quand on lit chaque jour sur une chaine pourtant de qualité, ARTE, le chiffre du jour par exemple :
«  à cet instant 500 000 001 mails ont été envoyés », ça nous fait une « belle jambe » non ! Quelle dérision, tout se compte pour le meilleur et le pire me direz-vous !

Je rebondis sur l’interview croisé paru dans le journal de l’ Humanité, le 23 mars 2012, au cours duquel Laurent Etre pose cette question à Marie-Noëlle Clément, psychiatre médecin directeur de l’hôpital pour enfants du CEREP, à Paris :
« Les attaques récurrentes contre la psychanalyse, ces dernières années, n’ont-elles pas à voir avec une tendance plus générale à imposer une conception très restrictive de la rationalité scientifique ? Tout, dans nos activités, devrait être quantifiable, mesurable, vérifiable immédiatement par l’expérience …
Marie-Noëlle Clément répond : «  Il est vrai que sévit dans notre société une tendance très excessive au chiffrage et à la quantification, particulièrement mal venue dans le secteur sanitaire. Cependant, il y a un champ de la santé où cette démarche est justifiée, c’est celui de l’évaluation de la pertinence des pratiques de soin. Si l’on est malade, on est en droit de connaître l’efficacité de tel ou tel traitement afin de choisir en connaissance de cause. Aujourd’hui, si les recommandations de la HAS pénalisent les approches psychanalytiques et les psychothérapies institutionnelles dans l’autisme, ce n’est pas parce que nous travaillons mal, c’est parce que nous n’évaluons pas le travail que nous faisons avec des outils standardisés reconnus, alors que les cognitivo-comportementalistes l’ont fait dès le début etc… L’évaluation des pratiques soignantes n’est culturellement pas intégrée dans nos institutions et suscite encore beaucoup de résistances. (3)
Ce à quoi Fathi Benslama rétorquera :
« La psychanalyse va à l’encontre de la conception dominante aujourd’hui de l’humain qui repose sur « trois moins » : moins de temps, moins de coût et le moins d’interrogation du sens possible. Interroger le sens nécessite du temps d’investigation, d’interprétation, de construction. Nous serions face à une « logicialisation » de tout, c’est la volonté d’inscrire des automatismes et des programmes dans l’existence humaine traitée comme une chose parmi d’autres. La psychanalyse contredit cette visée car c’est une discipline qui traite de la question du sens et de son histoire et pas seulement du signe. Nous assistons à une instrumentalisation de la Haute Autorité de la Santé, par une fraction très radicale de la psychologie cognitive de la rééducation qui veut l’extermination de la psychanalyse d’une manière générale. Dans ce débat sur l’autisme où n’existe aucune certitude, la HAS aurait dû jouer un rôle d’investigateur de véritables recherches d’évaluation. Or, nous constatons un fonctionnement à l’exclusion. (3)
Quant au troisième invité, Roland Gori, il affirmera : « qu’il y a plusieurs raisons directes à la teneur passionnelle des débats autour de l’autisme. Le premier problème est qu’il est présenté depuis quelque temps comme un enjeu de santé publique. La psychanalyse a historiquement émergé en opposition à la médecine positiviste et hygiéniste du XIXe siècle. La rationalité médicale et sanitaire fait aujourd’hui un retour en force au sein de la psychiatrie et en psychologie. En deuxième lieu, la décision a été prise sous la pression de lobbys fortement mobilisés, en particulier de certaines associations de familles d’enfants autistes, exploitant habilement la médiatisation de conflits épistémologiques et idéologiques. L’industrie pharmaceutique influence le choix des experts, c’est récurrent. Il est évident qu’il existe des « alliances objectives » entre certaines théories biologiques déterministes et un pouvoir politique sécuritaire, entre une conception médicale des souffrances et les intérêts des laboratoires ».
On entend bien dans cet entretien, la dimension politique de la chose qu’il est nécessaire et efficace de dénoncer ainsi, publiquement.

Mais que se passe-t-il de si grave ?

Alain Badiou rappellera en dialoguant avec Elisabeth Roudinesco, dans le livre : « Jacques Lacan, passé présent, paru au Seuil en mars 2012, que : « La psychanalyse, avec le darwinisme et le marxisme, sont les trois révolutions majeures de notre temps. Dans les trois cas, il ne s’agit ni de sciences exactes, ni de croyances philosophiques ou religieuses, mais de « pensées » : matérialistes, liées à des raisons pratiques, qui ont changé notre vision du monde et subissent le même type de critiques. Les attaques contre la psychanalyse doivent être donc comprises dans le cadre d’une crise globale de l’intellectualité. Une crise qui, si l’on veut la résumer, se caractérise par la tentative de remplacer le « sujet » par l’individu. Etre sujet, c’est circuler entre la singularité et l’universalité, et c’est sur cet écart que la psychanalyse fonde son action : elle aide l’individu à devenir pleinement un sujet. En cela, c’est une discipline émancipatrice avant d’être « thérapeutique ». Que produit le discours du libéralisme soi-disant démocratique et libéral ? Non pas des sujets mais bien des individus à l’appétit animal devant le marché des objets disponibles, avec ses dérives actuelles : l’hygiéniste et la norme sans oublier le fanatisme religieux, le scientisme, l’argent fou, l’évaluation débridée, l’abandon des idéaux de la raison. Notre Société en crise, tente de rabaisser la pensée, autour des sectarismes comme l’idéal communautaire, l’obscurantisme et la passion de l’ignorance. Le chacun pour soi caractérise notre époque et la peur de l’étranger atteint des paroxysmes qui fait le lit de la montée du racisme actuel. Devenu des individus, la notion de sujet nous revient sur un autre bord proche de l’égocentrisme, de la performance et du narcissisme. (4)

Déjà Philippe Julien en 2000, nous parlait de la modernité en ces termes : «  c’est la naissance de l’homme de la civilisation technique et scientifique. Elle se définit par une disjonction entre le langage et la parole. D’une part, le langage est celui de la communication dans le travail partagé de la recherche. Or, dans cette objectivation, l’homme moderne, homo technicus, oublie sa subjectivité et efface toute question sur le sens de son existence ». A quoi j’ajouterai : «la question du comment faire, l’emporte sur celle du pourquoi désirer ou pas d’ailleurs ? (5)

La psychanalyse est-elle encore dans (de) son temps ?

Il s’agit bien sûr de sa validité, entre la Science et le Réel, par rapport au discours capitaliste, au-delà de la psychopathologie, sans compter sur sa portée politique.
Notre association a travaillé une année durant sur ce thème en 2014/2015. La revue 22 chez Erès en porte les fruits. Nous y trouverons bien des réflexions élaborées par nos membres et invités, c’est dire que le sujet à traiter nous a paru bien essentiel. (6)

J’en reproduirais ici, en diagonale, quelques aspects pertinents.
Françoise Fabre, en nous évoquant avec un reste de belle colère, son long parcours en psychiatrie institutionnelle, nous démontre de façon éclairée, combien les pratiques se sont perverties. L’outrance d’un discours pseudo scientifique a éradiqué la culture de la psychanalyse qui loin de forclore le sujet, réveillait son comportement d’individu pour le rendre sujet de sa parole, dans des espaces contrôlés mais protégés, produisant ainsi des liens humains, de l’un à l’autre et de l’autre à l’un, hors de la férule du management paranoïaque d’aujourd’hui. Jean Oury, pionnier dans la démarche d’écouter analytiquement le sujet en institution avait dénoncé à l’Assemblée Nationale, le processus en marche depuis 40 ans, avec la complicité de la plupart des psychiatres. Vouloir éradiquer les fous comme l’a prétendu Nicolas Sarkozy à Grenoble, a suscité ce mouvement réactif : l’appel des 39 pour dénoncer les mesures de contention, les lourdes médicalisations qui tendent de réduire à néant le sujet de la parole, c’est faire fi de ce magnifique adage de Tosquelles : « Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme qui disparaît ». « Tout fout le camp ! », nous dit la chanson, là aussi…

Robert Levy, nous rappelle qu’il n’y a pas d’inconscient contemporain. Le souvenir reste là, porté par la langue, il est présent là et dans ce qui se parle, sans avoir besoin d’aller le chercher. Par ailleurs il conclue que si nous ne pouvons pas avoir une conception du monde, en tant qu’analyste, en revanche, nous pouvons avoir une conception du sujet de l’inconscient, celle qui nous porte par exemple, à soutenir que nous devons nous débarrasser du DSM qui l’éradique purement et simplement. Si la psychanalyse disparaît, ce serait plutôt dû aux résistances des psychanalystes eux-mêmes, et moins à celles venues de l’extérieur. Notre pratique de l’inconscient ne peut que nous engager à transmettre en quoi l’acte analytique est toujours politique.

Michèle Skierkowski, argumente sur le risque de la dilution de la psychanalyse et non pas de sa disparition. La remise en cause de son autorité date des années 2000, elle aurait alors perdu sa position hégémonique selon la thèse d’anthropologie de Samuel Lézé, enquête de terrain menée dans les milieux psychanalytiques parisiens. Du côté de la formation et des associations régulièrement en crises et en scissions comme ailleurs, il semblerait que les jeunes analystes sont attirés, par des lieux qui se veulent « de formation », qui distribuent du savoir théorique, quand ce n’est pas des diplômes donnant accès au titre de psychothérapeute.
Pour faire exister de la psychanalyse, avant que la psychanalyse se laisse ranger dans le grand chapeau des psychothérapies, il serait nécessaire que les associations soutiennent leur désir de régulièrement se pencher sur la question à mettre au travail : « En quoi il y a du psychanalyste dans une cure, une séance, etc.. » comme le formulait Olivier Grignon.

Mercedes Baudes Moresco dans son article « Principes et commencements », nous rappelle : « Il y a psychanalyse parce qu’il y a eu un homme qui est parti de son ignorance, et non pas de son arrogance, pour s’affronter à des contrées obscures qui peuvent provoquer peur et perplexité. Un des grands mérites freudiens a été de comprendre les limitations et les difficultés de la procédure d’analyse, les obstacles à son parcours.

Elle conclue ainsi :

“la psychanalyse existe parce qu’existe l’inconscient. Alors, si nous nous faisons appeler psychanalystes, nous devons être à la hauteur de l’enjeu”.

Dans son intéressante note de lecture, Celine Devalois à partir du livre (d’ailleurs épuisé) paru en 2015, sur : « Questions psychanalytiques », avec Moustapha Safouan et Christian Hoffmann , reprend la série des entretiens qui ouvrent la voie à ce qu’il en est aujourd’hui du désir pour les sujets pris dans le discours capitaliste qui donne l’illusion que tout est possible. « Qu’en est-il de la sexualité dans un contexte social et politique où capitalisme et science s’allient pour nous donner l’illusion d’une prise sur le Réel, et en particulier sur le Réel sexuel, le « conjugal » se dissociant de plus en plus du parental, la procréation de la sexualité ? Est-ce que le désir risque de se rabattre de plus en plus sur la demande ? etc…

Michel Ferrazzi nous ramène au cinquième discours, celui du capitaliste, « N’est-il pas l’injonction pleine de certitude ? « Travaille, consomme, jouis et tu seras forcément heureux. » Il propose une voie unique : tout sujet peut devenir l’égal de celui qui le domine et le contraint, s’il s’en donne la peine et l’objet est à même de le combler. Le discours capitaliste propose d’agir avec l’avoir, le discours du psychanalyste propose lui, « d’agir avec son être ».

Je terminerai mon hommage à mes collègues dont les transferts de travail soutiennent fermement mon désir d’analyste par la note écrite par Anna Conrad, à propos de « Y a-t-il des psychanalystes sans-culottes ?de Bernard Baas.
L’enjeu dit-elle, du désir d’analyste devient non plus de se préserver de tomber dans le service de l’économie de marché, mais d’en sortir. Il nous est permis ainsi en 2014, de croire que la psychanalyse prendra un nouvel essor à partir d’expériences inattendues au sein d’institutions au sens large – de l’entreprise à l’associatif, de l’hôpital à la pratique philosophique ou littéraire – sans oublier bien entendu les cabinets de psychanalystes dont les clients ne sont pas moins des acteurs de cette réalité qui fait du psychanalyste une marchandise suspecte. Toujours est-il que B. Baas illustre brillamment que la psychanalyse peut aider le sujet pour s’autoriser à penser l’(in)actualité de la subversion dans sa portée nécessairement plurielle et collective au-delà de son incidence singulière ».

Et nous terminerons sur une onde de choc…
Une dernière place sera donnée aux artistes. Allez voir cette comédie d’Outre Rhin « Toni Erdmann », un film réalisé par Maren Ade qui refuse quelque chose de l’état du monde, alliant le burlesque et le tragique. Dans sa fiction, la réalisatrice met en scène, une jeune fille, devenue une « exécutive woman » au sein d’un prestigieux cabinet de « consulting », dominée par les « mâles », elle sera « persécutée » par l’amour tendre de son père, ex-soixante-huitard, plein de spontanéité et de subversion qui ne cessera de lui faire des blagues régressives et potaches, pour la questionner sur « sa raison de vivre »; ça décoiffe, ça dérange et ça fait du bien. Le Jury de Cannes lui a refusé la palme d’or, alors que le jury constitué de critiques de cinémas internationaux, lui décerne le prix de la presse, pour soutenir le cinéma de genre, risqué, original et personnel. Le public y court et l’onde de choc continue, pour notre plaisir. Comme quoi, la maîtrise a ses limites, les trouvailles nous délogent quand elles permettent au sujet une invention, une re-création en sortant des discours discourants, puisque la parole, la vérité du sujet comme l’énonce Lacan : « émerge de temps en temps, dans les interstices du discours ». (7)

Chantal Cazzadori
Psychanalyste à Amiens

Paris, congrès association Analyse Freudienne
2 octobre 2016
//////////www.analysefreudienne.net\\\\\\\\\\
1 – Le nouvel observateur, les essentiels N°3, les grands penseurs p.128
2 – http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/03/2042631-33_des-francais-ont-déja-consultue-un-psy.html
3 – Article issu du journal de l’humanité, « La psychanalyse est-elle en danger ? entretiens croisés réalisés par Roland Etre le 23 mars 2O12. Thème Société : Santé- psychanalyse-autisme.
4- Jacques Lacan, passé présent – dialogue entre Alain Badiou et Elisabeth Roudinesco au Seuil
5- Philippe Julien : Tu quitteras ton père et ta mère, chez Aubier, p. 148
6- Revue ERES n° 22, Analyse Freudienne, nouvelle formule, “La psychanalyse est-elle encore dans (de) son temps ?”
7- Lacan, séminaire XVI, 11 déc 1968


Hortillonnage d'Amiens - Photo Chantal Cazzadori
Hortillonnage d’Amiens – Photo Chantal Cazzadori
Gran foco sobre el psicoanálisis: causas y efectos de su desmantelamiento – un electrochoque…

Bajo el sol, nada nuevo podríamos decir. “!Lo que fue hecho será hecho de nuevo!”. Tal vez me preguntaran entonces, ¿de qué hablamos?.
Desentrañar el inconsciente siempre pareció “subversivo” y genera controversias hace tiempo. A contra corriente de la metafísica que se obstina en separar el cuerpo del espíritu, Freud afirma un mensaje universal : “Estamos vivos, si y solamente si tenemos una vida psíquica”. ¡Algunos no lo pueden creer! Freud nunca habrá concesiones respecto a este punto : lo que hace no es “dar una explicación biológica a la esencia humana”, porque ésta es doblemente articulada : determinación biológica y vínculos simbólicos van construyendo el ser hablante en el transcurrir de las generaciones.
Julia Kristeva (1), también nos recuerda esto : “Hecha de lenguaje, vuestra sexualidad se os escapa : impulso inconsciente, ahí esta todo el placer”.
“Siempre que hablamos estamos haciendo sexo, lo único necesario es escuchar” dirá el Maestre, el inventor de la psicoanálisis. Un primer electrochoque, ¿no es cierto?

¿Sera que podemos hablar de afinidades ideológicas con los valores de una sociedad? ¿Serán las formas de saber inseparables de las practicas sociales vigentes en un momento dado y en una sociedad dada? Freud se extirpa de los prejuicios de su época y desarrolla una reflexión sobre el peso de la tradición. Su constatación : “la mujer, en su totalidad, es tabú” marca el fin de las civilizaciones patriarcales. La intensidad de la relación precoz entre hija y madre lo lleva a concluir que “la bisexualidad es mucho mas desarrollada entre las mujeres que entre los hombres”, y lo lleva por lo tanto a modificar su primer Edipo (1).

Los ataques del siglo pasado en contra de la psicoanálisis, que apuntaban hacia la “cientificidad” de ésta, generaron una multitud de debates epistemológicos. La subjetividad del experimentador esta implicada en las ciencias sociales y el rol crucial de la transferencia y contra transferencia ya esta reconocido.
Los psicoanalistas han sido muy seriamente criticados por el “libro negro de la psicoanálisis”, escrito en colaboración con unos cuarenta especialistas, publicado en 2005, pero el ataque no se detuvo ahí.
Esta critica es retomada en el ensayo feroz publicado en 2010 por el filosofo libertario (Michel Onfray) que entretiene las escenas mediáticas, contestando la verdad científica universal de la psicoanálisis, con el complejo de Edipo como organizador de la vida psíquica. Después de las primeras criticas por parte de intelectuales y expertos de todo y cualquier tipo, hubo otra batalla, mucho mas temible : la de la opinión publica. Recordemos el caso de los niños autistas y del profundo descontento de sus papas : la imagen de la psicoanálisis sufrió bastante!

Un segundo electrochoque nos vino del informe de la HAS (Alta Autoridad de Salud) del 8 de marzo de 2012, en el cual se desaprobó la psicoanálisis, aunque de manera menos severa de lo esperado. Sin embargo, como lo revelan los comentarios de los padres de hijos autistas sobretodo, en la blogósfera, esto deja huellas. Los usuarios osan rebelarse en contra de la dóxa psicoanalítica. Es un giro, especialmente en Francia, donde la doctrina de Freud tenia buena reputación. ¿Se estaría terminando el periodo dorado de la psicoanálisis? Se puede decir que ¡si!, creo yo.
En efecto, desde el episodio del famoso programa de televisión “Apostrophe” (Apostrofe) de Bernard Pivot que había sido enteramente dedicado a la psicoanálisis en marzo de 1977, hacia el ambiente de contestación heredado de Mayo 68, la subversión tan característica del pensamiento de Freud y de Lacan era una increíble herramienta de critica. Lacan dominaba en este periodo la escena intelectual, junto con otros fundadores como Freud, Jung, Klein, Winnicott, y muchos otros…
El programa de televisión “Lorsque l’enfant paraît” (“Cuando aparece el niño”) de Françoise Dolto encuentra un gran éxito cuando estrena en France Inter. Del mismo modo, ¿quién no tiene su propio “Vocabulaire de psychanalise) (“Vocabulario de la psicoanálisis”)?. Incluso Valéry Giscard d’Estaing (presidente de la Republica francesa de 1974 a 1981) habría probado el diván, de acuerdo con el periódico “Le Canard enchaîné” (“El pato encadenado”). Bernard Pivot dice justamente sobre el diván, que confiere “un suplemento cultural y una aura intelectual”.
Entre estos dos electrochoques, el pánico en el mundo de los psicoanalistas ha sido sembrado en 2003 por Bernard Accoyer. Cualquier psicoterapeuta que se respeta debe, desde el 2010, tener un diploma universitario, haber seguido una formación profesional, en especial en materia de psicopatología clínica, y estar inscrito en un registro departamental. El decreto que lo establece esta siendo respectado. Mientras tanto, nosotros psicoanalistas, seguimos sin reglamentación, pero ¿hasta cuando? Elisabeth Roudinesco pide a las asociaciones de analistas que establezcan reglas y que critiquen nuestras propias derivas para que sobreviva la psicoanálisis, es una llamada.
A pesar de la caza a los impostores y a pesar de la desconfianza que rodea la profesión, los pacientes siguen atendiendo consultas. Un estudio fue publicado en la ocasión de la publicación del libro “Le Petit Freud Illustré” (“El pequeño Freud en imágenes”) de Jean-Jacques Ritz y Damiens Aupetit, la cual nos revela que el 33% de los franceses ya consultaron un psicoanalista. El 31% considera que todos deberíamos consultar un psicoanalista por lo menos una vez en la vida. No son pocos los pacientes que ya atendieron una consulta en hacer esta recomendación (55%), y igualmente con los jóvenes de 18 a 34 años (45%), ya que el mismo estudio apunta que este tipo de consulta se revela benéfico para una mayoría (65%). (2)

Al enunciar todos estos números, me recuerdo del dibujo humorístico de Serge Bloch :

“El paciente acostado en el diván dice : “A veces sueño algo aterrador … Me están haciendo preguntas … Mi comportamiento esta siendo observado … me siento evaluado …” y el psicoanalista contesta : “!Que horror!””.

¡¿No estaría yo también, recurriendo a números para justificar mi argumento?! ¿No seria eso un mal del siglo? Al leer cada día el numero del día, incluso en un canal de televisión de calidad como ARTE, lo podríamos pensar. Por ejemplo : ”en este momento, 500 000 001 correos electrónicos fueron enviados”, ¿para qué nos sirve saberlo, no? Que ridículo, hoy día todo se calcula, para lo mejor y lo peor me podrían decir ustedes.

Con eso, paso a una entrevista del periódico “l’Humanité” (“La Humanidad”), del 23 de marzo del 2012, en la cual Laurent Etre hace esta pregunta a Marie-Noëlle Clément, psiquiatra médica directriz del hospital para niños del CEREP (Centro de Readaptación Psicoterápico) , en Paris :
“Los ataques recurrentes en contra de la psicoanálisis en los últimos años, ¿no tendrían que ver con una tendencia general que consiste en imponer una concepción restrictiva de la racionalidad científica? Se esperaría que la totalidad de nuestras actividades pudiesen ser cuantificables, mesurables, verificables inmediatamente por la experiencia…”
Marie Noëlle Clément contesta : “Si bien es cierto que en nuestras sociedades rige una tendencia muy excesiva a la cuantificación, poco deseable y especialmente en el sector sanitario, hay, con todo, un campo de la salud donde este procedimiento se justifica, y es el de la evaluación de la pertinencia de las practicas de cura. Si uno esta enfermo, la posibilidad de conocer la eficacidad de tal o tal tratamiento es un derecho, porque nos permite elegir a sabiendas. Hoy día, si las recomendaciones de la HAS (Alta Autoridad de Salud) penalizan los métodos psicoanalíticos y psicoterapéuticos institucionalizados en relación al autismo, no es porque son malos, sino porque no pueden ser evaluados con herramientas estándar reconocidas, mientras que los cognitivo-comportamentalistas lo hacen desde sus inicios… La evaluación de las practicas de cura no esta culturalmente integrada en nuestras instituciones y genera muchas resistencias” (3)
Fathi Benslama reacciona replicando :
“La psicoanálisis va a contra corriente de la concepción dominante que se tiene del ser humano hoy día, y que presupone tres “menos” : menos tiempo, menos costo, menos sentido critico sobre la significación de las cosas. Tener una visión critica del sentido de las cosas necesita un tiempo de investigación, de interpretación, de construcción. Parece que estamos frente a una “programación” de todo, es decir el deseo de inscribir automatismos y programas en la existencia humana, considerada como una cosa entre otras. La psicoanálisis se contrapone a esta visión ya que es una disciplina que abarca la cuestión del sentido de las cosas y de su historia, y no solamente el signo. Lo que vimos, fue una instrumentalización de la Alta Autoridad de la Salud por parte de una fracción muy radical de la psicología cognitiva de la reeducación, que quiere la extinción de la psicoanálisis de manera general. En el marco de este debate sobre el autismo, en el cual no existen certidumbres, la Alta Autoridad de Salud hubiera debido actuar como un investigador de verdaderas búsquedas de evaluación. Sin embargo, solo podemos constatar que la lógica que rigió fue una lógica de exclusión. (3)
Con respecto al tercer invitado del programa, Roland Gori, él afirma : “que hay varias razones directas al carácter pasional de los debates sobre autismo. El primer problema es que desde hace poco, esta siendo presentado como un tema de salud publica. La psicoanálisis ha emergido históricamente de su oposición a la medicina positivista y higienista del siglo XIX. Asistimos al regreso muy importante de esta concepción dentro de la psiquiatría y de la psicología. En segundo lugar, la decisión de la Alta Autoridad fue tomada bajo presión de lobbies fuertemente movilizados, y especialmente algunas asociaciones de familias de niños autistas, que aprovecharon con éxito de la mediatización de conflictos epistemológicos e ideológicos. La industria farmacéutica influencia a menudo la selección de los expertos. Es evidente que existen “alianzas objetivas” entre ciertas teorías biológicas deterministas y un poder político centrado en los temas de seguridad, entre una concepción medical del dolor e intereses de laboratorios”.
La dimensión política del tema es notable en esta entrevista, y es necesario y eficaz evidenciar este aspecto de esta manera, públicamente.

Pero ¿qué esta ocurriendo de tan grave?

Alain Badiou reafirma en su dialogo con Elisabeth Roudinesco, en el libro : “Jacques Lacan, passé et présent” (Jacques Lacan, pasado y presente) lanzado en marzo de 2012 por el editorial Seuil, que : “La psicoanálisis, junto con el darwinismo y el marxismo, son las tres revoluciones mas importantes de nuestro tiempo. En estos tres casos, no se trata ni de ciencias exactas, ni de creencias filosóficas o religiosas, sino de “visiones” : visiones materialistas, vinculadas a razones practicas, que cambiaron nuestra percepción del mundo y sufren del mismo tipo de criticas. Los ataques en contra de la psicoanálisis deben ser entendidos en el contexto mas global de una crisis generalizada de la intelectualidad. Una crisis que, si tratamos de resumirla, se caracteriza por la tentativa de remplazar el “sujeto” por el individuo. Ser sujeto, es oscilar entre la singularidad y la universalidad, y es justamente en esta tensión que la psicoanálisis fundamenta su acción : ayuda al individuo a convertirse en un sujeto. Y por eso, la psicoanálisis es una disciplina emancipadora antes de ser “terapéutica”. ¿Qué genera el discurso del liberalismo, supuestamente democrático y liberal? Ningún sujeto, pero si individuos con un apetito animal frente a un mercado de objetos disponibles, con las derivas que conocemos hoy día : el higienista y la norma, sin olvidar el fanatismo religioso, el cientificismo, el dinero enloquecido, la evaluación desenfrenada, el abandono de los ideales de la razón. Nuestra sociedad en crisis intenta rebajar el pensamiento a partir de sectarismos como por ejemplo el ideal comunitario, el obscurantismo y la pasión de la ignorancia. La sociedad actual se caracteriza por el individualismo. También, el miedo hacia el extranjero llega a paroxismos que hacen prosperar el racismo. Convertidos en individuos, la noción de sujeto vuelve por otro lado, próximo al egocentrismo, al rendimiento, al narcisismo. (4)

Aún en el año 2000, Philippe Julien ya nos hablaba de la modernidad en estos términos : “es el advenimiento del hombre de la civilización técnica y científica. Ella se define por una disociación entre el lenguaje y el discurso. Por un lado, el lenguaje es el de la comunicación en la tarea compartida de la búsqueda. Sin embargo, en esta objetivación, el hombre moderno, homo technicus, olvida su subjetividad y borra cualquier cuestionamiento sobre el sentido de su existencia.” A esto añadiría : “la cuestión del ¿cómo hacer? sobrepasa la del “por qué desear? (o no desear, de hecho)” (5)

¿Será la psicoanálisis todavía en (de) su tiempo?

Por supuesto, se trata aquí de su validez, entre Ciencia y Real, en relación con el discurso capitalista, mas allá de la psicopatología, sin contar su alcance político.
Nuestra asociación trabajó durante un año sobre este tema, en 2014/2015, la revista 22 de Eres siendo el fruto de este trabajo. En ella se encuentran muchas reflexiones elaboradas por nuestros miembros e invitados, y esto muestra muy bien el interés que le dimos a la cuestión, que nos pareció esencial. (6)

Quisiera aquí reproducirlas de manera resumida, enfatizando algunos aspectos especialmente pertinentes.
François Fabre, cuando evocaba, todavía enojado, su largo recorrido en psiquiatría institucional, nos demuestra de manera esclarecida, lo cuanto estas practicas se han pervertido. La exageración de un discurso supuestamente científico extinguió la cultura de la psicoanálisis la cual, lejos de excluir al sujeto, despertaba su comportamiento de individuo para convertirlo en sujeto de su discurso, en espacios controlados pero protegidos, generando por lo tanto vínculos humanos, del uno al otro y del otro a uno, fuera del marco de una gestión paranoica de hoy día. Jean Oury, pionero en una aproximación de escucha analítica al sujeto en institución, denunciaba en la Asamblea Nacional el proceso iniciado hace 40 años, con la complicidad de la mayoría de los psiquiatras. El deseo de acabar con los locos, como lo explicito Nicolas Sarkozy en Grenoble, generó un movimiento de reacción : la llamada de los 39 para denunciar las medidas de contención, las pesadas medicalizaciones que tienden a reducir al extremo el sujeto del discurso. Esto es dejar de lado el magnifico precepto de Tosquelles : “Sin el reconocimiento del valor humano de la locura, es el propio hombre quién desaparece”. “Todo se va al garete” dice la expresión popular …

Robert Levy a su vez, nos recuerda que no hay inconsciente contemporáneo. El recuerdo se queda ahí, llevado por el lenguaje, esta presente ahí y en lo que se habla, sin necesidad de buscarlo. También, él concluye que si no podemos tener una concepción del mundo, en cuanto analista, podemos en cambio tener una concepción del sujeto del inconsciente, conciencia de lo que nos lleva por ejemplo, a pensar que debemos dejar de lado el DSM (Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales). Si la psicoanálisis desaparece, esto se debería mas a la resistencia de los propios psicoanalistas que a las resistencias del exterior. Nuestra practica del inconsciente solo puede comprometernos en transmitir en qué medida el acto analítico sigue siendo político.

Michèle Skierkowski desarrolla una argumentación sobre el riesgo de la dilución de la psicoanálisis mas bien que desaparición. La puesta en tela de juicio de la autoridad de la psicoanálisis remonta a los años 2000, y ésta hubiera perdido a partir de entonces su posición hegemónica tal como lo muestra la tesis de antropología de Samuel Lézé, basada en encuestas en círculos psicoanalíticos parisinos. Con respecto a la formación de las asociaciones, que entran en crisis y se dividen muy a menudo, igual que en otros ambientes, parece que los jóvenes analistas están atraídos por supuestos centros de formación que ofrecen un saber teórico, pero sin dar acceso a ningún diploma que pueda asegurar el titulo de psicoterapeuta.
Para que exista la psicoanálisis, y antes de que la psicoanálisis se deje categorizar en la gran variedad de las psicoterapias, seria necesario que las asociaciones mantengan su deseo de regularmente interesarse a la cuestión de su trabajo : “¿En qué medida hay psicoanálisis en una cura, en una cita, etc.?” para ponerlo en las palabras de Olivier Grignon.

Mercedes Baudes Moresco en su articulo “Principes et commencements” (“Principios y inicios”), nos recuerda :
“Hay psicoanálisis porque hubo un hombre que, a partir de su ignorancia, y no a partir de su arrogancia, se enfrentó a espacios oscuros que pueden inspirar miedo y perplejidad. Uno de los grandes méritos del freudismo, fue comprender las limitaciones y dificultades del procedimiento analítico, sus obstáculos.”
Ella concluye así :
“La psicoanálisis existe porque existe el inconsciente. Por lo tanto, si nos hacemos llamar psicoanalistas, debemos estar a la altura de esta ambición”.

En su muy interesante nota de lectura, Celine Devalois sobre el libro (ya no disponible) “Questions psychanalitiques” (“Cuestiones psicoanalíticas”) que fue lanzado en 2015, y escrito por Moustapha Safouan y Christian Hoffmann, retoma la serie de entrevistas que nos llevan hacia la situación actual del deseo para los sujetos totalmente enredados en el discurso capitalista, que da la ilusión de que todo es posible. “¿Y que pasa respecto a la sexualidad? en un contexto social y político en el cual a la vez el capitalismo y la ciencia nos dan la ilusión de un dominio de lo Real, y en especial sobre el Real sexual, lo “conyugal”, disociándose cada vez mas de lo parental, la procreación de la sexualidad. ¿Sera que el deseo podría enfocarse cada vez mas en la demanda? etc…”

Michel Ferrazi nos lleva de vuelta al quinto discurso, el del capitalismo, “¿No seria por acaso la intimación mas llena de certidumbres? “Trabaje, consume, goce, y serás necesariamente feliz”. Este propone una vía única : cualquier sujeto puede convertirse en el igual del que lo controla y lo restringe, siempre cuando se esfuerza hacia este objetivo, y el objeto se vuelve una satisfacción. El discurso capitalista propone una actuación vinculada al poseer, el discurso psicoanalista en cambio propone una “actuación de acuerdo con su ser”.

Concluiré mi homenaje a mis colegas cuyas transferencias de trabajo apoyan firmemente mi deseo de analista, con la nota escrita por Anna Conrad relativa al texto “Y a-t-il des psychanalistes sans-culottes?” (“¿Habrán psicoanalistas sans-culottes? /de un movimiento de la Revolución Francesa/) de Bernard Baas.
“La ambición del deseo de analista”, dice ella, “ya no es mas evitar de caer al servicio de la economía de mercado, sino salir de esta. Se puede creer, en 2014, en un nuevo impulso de la psicoanálisis, a partir de experiencias inesperadas en el seno de instituciones en un sentido amplio – de las empresas a las asociaciones, de los hospitales a la practica filosófica o literaria – sin olvidar obviamente los consultorios de psicoanálisis cuyos clientes también son actores de esta realidad que describe la psicoanálisis como una mercancía sospechosa. Sin embargo, B. Baas demuestra con éxito que la psicoanálisis puede ayudar al sujeto, permitiendo que piense la (in)actualidad de la subversión en su alcance necesariamente plural y colectivo, mas allá de la incidencia singular”.

Terminaremos con una onda de choque …
La ultima palabra será dada a los artistas. Les aconsejo que vayan a ver esta comedia alemana “Toni Erdmann”, una película realizada por Maren Ade, quién rechaza algo del estado del mundo, combinando lo burlesco a lo trágico. En su ficción, la realizadora pone en escena una joven mujer que se convierte en una “executive woman” en una prestigiosa oficina de “consulting”, dominada por los “machos”. Es “perseguida” por el tierno amor de su padre, quién participo del movimiento de 1968 en su juventud, lleno de espontaneidad y subversión, y que no deja de hacer chistes regresivos e inmaduros, para cuestionarla sobre su “razón de vivir”; la película es agitada, incomoda al espectador, y eso hace bien. Los jurados oficiales de Cannes le negaron la palma de oro, mientras que los jurados críticos de cinema le otorgaron el premio de la prensa, para apoyar al cinema de este genero, arriesgado, original y personal. El publico afluyo y la onda de choque sigue, a nuestro gusto. Lo vemos, el control tiene sus limites, y las descubiertas nos hacen mover cuando permiten al sujeto una invención, una re-creación, extirpándose de los discursos discursivos, ya que la palabra, la verdad del sujeto como lo dice Lacan : “emerge de vez en cuando, en los intersticios del discurso”. (7)

Chantal Cazzadori
Psicoanalista en Amiens

Paris, congreso de la asociación Análisis Freudiano
2 de octubre de 2016

Traduction en Espagnol faite par GUILLAUME FISCHER de Metz
//////////www.analysefreudienne.net\\\\\\\\\\

(1) El nuevo observador, esenciales N°3, los grandes pensadores, p.128
(2) http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/03/2042631-33_des-francais-ont-déja-consultue-un-psy.html
(3) Articulo del noticiario la Humanidad, “ ¿Sera la psicoanálisis en peligro?” entrevistas realizadas por Roland Etre el 23 de marzo de 2012. Tema de Sociedad : Salud – psicoanálisis – autismo.
(4) Lacan, pasado presente – dialogo entre Alain Badiou y Elisabeth Roudinesco, Seuil
(5) Philippe Julien : Dejaras a tu padre y tu madre, Aubier, p.148
(6) Revista ERES n°22, Análisis Freudiano, nueva formula, “¿Será la psicoanálisis todavía en (de) su tiempo?”
(7) Lacan, seminario XVI, 11 de diciembre de 1968